- Emily Brontë : Les Hauts de Hurle-Vent
- Albert Camus : L'Etranger
- Patrick Süskind : Le Parfum
- Guy de Maupassant :
Bel-Ami 
- Alexandre Dumas : Le Comte de Monte-Cristo, tome 1 et 2

 

Euphorbe n2

Les Hauts de Hurle-Vent - Emily BRONTË

Classique de la littérature anglaise s'il en est, Les Hauts de Hurle-Vent dépeint l'histoire d'une vengeance, tel Edmond Dantès, qui se déroule toute la vie de son auteur. 

Heathcliff était petit garçon lorsque le vieux Monsieur Earnshaw le ramena de voyage à Hurle-Vent. De suite le petit bohémien suscita le rejet dans sa nouvelle famille ; Hindley le fils légitime de Earnshaw le méprisa dès le départ et ce, jusqu'à sa mort. Quant à sa soeur, la belle et capricieuse Catherine Earnshaw, elle aura un rapport ambigu à Heathcliff, l'aimant plus que de raison, mais le rejetant en raison de ses origines sociales. 
Très tôt, Heathcliff fera montre de dedain envers cette famille toute entière, même les domestiques. Seul le vieux Earnshaw le tient sous sa coupe, et le protège des méfaits des autres membres de la famille. D'aucuns commentateurs diront par la suite que le jeune Heathcliff est en réalité le fils naturel du vieux homme. 
A la mort de celui-ci, les choses changent pour le jeune étranger. Hindley devient de plus en plus agressif, Catherine de plus en plus rejetante. Elle épousera un homme socialement mieux avancé, Edgar Linton, son voisin, lequel habite la Grange toute proche. 

Racontée tour à tour par la très fidèle servitrice Mrs Dean, par Catherine Earnshaw elle-même dans ses écrits, par Isabelle Linton dans ses correspondances, la ruine des clans Earnshaw et Linton par un jeune étranger devenu roide et sévère avec le temps, est une véritable ascension macabre, au sein d'histoires d'amour passionnées et violentes, sans pour autant que leurs protagonistes ne connaissent l'amour physique. 

Ecrit par une jeune fille recluse, qui ignorait tout de la passion dévorante de l'amour, Les Hauts de Hurle-Vent, d'abord récrié, a été un retentissant succès, à titre posthume. De nombreux personnages présents dans la narration ont très certainement existé ; du moins, l'auteur s'en est très largement inspiré. Ainsi en va-t-il lorsque, via son frère alcolique, elle dépeint un Hindley violent, irascible et dysthymique. 

Un peu délicat à aborder en ce que les deux familles ont des personnages portant les mêmes noms, le livre commence par l'arrivée d'un certain Mr Lockwood à Hurle-Vent, alors que la vengence est enfin consommée. L'histoire telle que racontée par Mrs Dean est en fait un flashback, de la venue de Heathcliff à Hurle-Vent il y a environ trente ans à aujourd'hui, ce dernier alors détenteur de la fortune et des terres de ses ennemis. 

Fort heureusement, un arbre généalogique est inclus dans les nouvelles traductions, qui permet de mieux situer les différents personnages. En effet il est un peu difficile de s'habituer : Catherine Linton, Catherine Earnshaw, Hindley Earnshaw, Isabelle Linton, Edgar Linton, Linton Heathcliff. 

A mettre dans toutes les poches, assurément !



L'Etranger - Albert CAMUS

L'Etranger est un petit livre court, facilement intelligible, consacré à l'autre, celui qui vit en marge de la société, à sa façon. 

Milieu du XX° siècle, Alger.
Un homme enterre sa mère. Voilà plusieurs années qu'ils ne se voyaient plus vraiment, plus de discussions, plus rien à partager. Par manque de moyens, il l'a placé dans un asile, dans lequel elle se plaisait. Mais voilà... elle a fini par y mourir. 

C'est ennuyé que cet homme se rend à l'enterrement de sa mère, sans trop de pitié ni de peine ou encore de douleur. Ca l'ennuie, tout bonnement. D'autant que c'est loin et qu'il fait chaud !

Le lendemain il concrétise une relation avec une femme, laquelle lui demandera ultérieurement de l'épouser. Si ça lui fait plaisir, pourquoi pas ! Telle est sa réponse.

C'est un homme visiblement peu réceptif aux valeurs sensibles de notre société, qui nous raconte son histoire, depuis l'enterrement de sa mère au jour de son exécution. Car si ce n'est pas un crime de n'éprouver aucune pitié pour un parent décédé, ça l'est en revanche lorsqu'on tue quelqu'un. 
Et c'est précisément ce qui se passe pour notre narrateur. Suite à sa rencontre avec un voisin peu fréquentable, il sera amené à tirer sur un "malfaiteur". Et à le tuer. 

Réquisitoire contre la peine de mort, l'Etranger est un livre aux trois quarts écrit au passé composé, style quelque peu lancinant. Le narrateur étant le personnage clé de l'histoire, cet autre qui dérange en somme, le lecteur est tenté de lui apporter sa sympathie, du moins de se placer de son point de vue pour justifier ses faits et gestes. Assez ingénieux ! 

 



 Le Parfum - Patrick SÜSKIND

XVIII° siècle : l'histoire commence dans un Paris que l'on a oublié, un Paris dans lequel la butte Montmartre sert de dépotoir aux morts, où l'odeur putride a imprégné les vêtements, les cheveux des habitants proches, voire les granits de leur maison. 
C'est dans cet univers, baigné d'odeurs aux infinitésimales propriétés que nait, tout près d'un étal à poissons, Jean-Baptiste Grenouille. Ce qu'il sait du monde, il l'apprend non pas grâce à ses yeux, ni à son ouïe, mais à son odorat. Car le fait est que Grenouille est un "nez", autrement dit une personne capable d'enregistrer toutes les odeurs qu'il capte, de les retenir sa vie durant, sans jamais en oublier une seule. Mieux que ça, Grenouille sait de quoi elles sont faites, allant jusqu'à les combiner entre elles au sein même de son propre cerveau ! De quoi ériger un génie. Sauf que ce génie, Grenouille le mettra à profit non pas pour réaliser la plus grande affaire qui aurait pu le rendre riche et célèbre - savoir une parfumerie - mais pour créer SON propre parfum... un parfum qui lui serait personnel. En effet, là où le bât blesse, c'est que contrairement à ses semblables, Grenouille lui, n'a pas d'odeur. C'est d'ailleurs pour ça que sa première nourrice se débarasse de lui auprès d'un pasteur qui en fera autant !

C'est toute une vie que Grenouille passera à traquer une odeur qu'il pourrait s'approprier. Jusqu'à réaliser que cette odeur n'existe pas, et qu'il faudra la créer. Pour se faire, il se remémore une nuit passée dans la rue des Marais à Paris, alors qu'il était encore tout jeune ; à cette occasion il avait ressenti pour la première fois un intense bonheur, simplement en se repaissant du parfum d'une jeune fille rousse (qu'il a étranglé au passage).
Et bien des années plus tard, sans jamais oublier ce parfum, Grenouille réitèrera ce forfait sur nombre d'autres personnes afin de leur prélever ce qu'ils ont de si précieux au nez de Grenouille : leur fragrance.

Ecrit dans un style assez ingrat, Le Parfum - adapté au cinéma : voir Histoire d'un Meurtrier - offre une multitude de renseignements s'agissant de la vie du XVIII° siècle, surtout s'agissant de la pauvreté qui régnait dans les basses couches de la société. La lecture n'en est pas très aisée, notamment en raison du fait que l'on ne voit pas vraiment où l'auteur veut en venir ; ainsi il faut être déjà assez avancé dans l'ouvrage pour voir poindre une once de suspense, qui certes nous satisfait par la suite. A lire malgré tout.

 


 

Bel-Ami - Guy de MAUPASSANT

Roman réaliste publié en 1885 sous forme de feuilleton dans un journal, Bel-Ami voit son action se dérouler à Paris, au XIXème siècle, en pleine révolution industrielle. 

Il retrace l’ascension sociale de Georges Duroy, homme ambitieux et séducteur, parvenu au sommet de l’échelle sociale grâce au journalisme et à ses maîtresses. Car des maîtresses, Bel-Ami, surnommé ainsi par la fille de l’une d’entre elles, en aura beaucoup… 

Au départ, Duroy est un jeune provincial qui monte à la capitale pour faire fortune. Après avoir été un petit employé des chemins de fer, il entame une carrière journalistique après sa rencontre avec Forestier, un ancien camarade de régiment. Celui-ci va lui donner son premier poste au journal intitulé « La Vie Française », dirigé par un certain Monsieur Walter, personnage important s’il en est. De même, sa femme constitue un élément capital, dans la mesure où elle deviendra l'une des conquêtes du Duroy. 

Grâce à Forestier, le journaliste fera la connaissance de plusieurs femmes, notamment Clotilde de Marelle, certainement la plus importante aux yeux du séducteur invétéré. 

D'autre part, de part sa relation avec Virginie Walter, Duroy réussira un superbe coup en Bourse. Par la suite, il épousera la fille de celle-ci, Suzanne. 
Il a ainsi tout ce dont il rêvait : la fortune et la notoriété. En effet, il est devenu depuis peu rédacteur en chef de « La Vie Française ». Toutefois, il vise déjà un poste de ministre…


A travers Bel-Ami, Maupassant décrit les liens étroits qui existent entre divers éléments de notre monde, à savoir le capitalisme, la presse et la politique, mais également l’influence des femmes qui agissent dans l’ombre de puis que le Code Napoléon les a privé de vie politique. Les thèmes récurrents sont l’argent, le pouvoir et le sexe. 

 


 

Le Comte de Monte-Cristo - Alexandre DUMAS
 

Tome 1

1815.
Edmond Dantès est second à bord d’un bateau, le Pharaon, qui revient d’un long périple en mer. Très satisfait de son équipage, Monsieur Morrel, l’armateur, compte promouvoir Dantès au grade de capitaine.

Par ailleurs, le jeune homme est sur le point de se fiancer avec une belle jeune fille d’origine catalane, Mercédès, qui vit recluse dans le village des catalans avec son cousin Fernand.
 
Le repas des fiançailles regroupe beaucoup de personnes, plus ou moins proches de Dantès et Mercédès. Tout semble aller pour le mieux pour ce jeune homme, promis à un avenir certain, si la maréchaussée ne venait pas le chercher en plein milieu du repas. Serein, le jeune homme suit les gendarmes, promettant d’être de retour très vite. Plein d’enthousiasme, c’est un Dantès au grand sourire que les policiers emmènent. Pourtant, le procureur du Roi, Villefort, ne semble pas aussi optimiste. En effet, les chefs d’accusation sont graves ; Dantès est accusé de bonapartisme. Et en cette époque de pur royalisme où l’empereur avait été chassé à l’île d’Elbe, être bonapartiste était considéré comme un crime.
 
Dantès se défend, affirmant qu’il ne connaît rien d’autre que son métier et sa fiancée, déclarant être un inculte en matière de politique. Et Villefort le croit sur parole. Il a d’ailleurs déjà deviné que se trame là-dessous les esquisses d’un complot aux fins d’écarter Dantès du bonheur qu’il avait touché des doigts une infime seconde.
Villefort, d’ordinaire très rude et très sévère, serait plutôt favorable à gracier le jeune homme, à démontrer qu’il ne s’agit là que d’un coup monté,mais en travers de la lettre d’accusation, un nom s’est glissé par hasard, un nom qui dénonce également comme bonapartiste invétéré le sieur de Nortier… autrement dit, le père de Villefort !
 
En marche pour le pouvoir et la réussite, à un moment où sa personne est en phase de devenir sinon plus importante, au moins égale à celle du Roi, Villefort ne peut se permettre de tomber pour son père. De fait, il détruit la lettre dénonçant Dantès, et lui promet de régler cette affaire au plus vite.
Pourtant, dès le soir, le second du Pharaon est conduit dans la sinistre prison de Marseille ; le Château d’If.
 
C’est ainsi que s’achèvera la vie très prometteuse d’Edmond Dantès, ce marin au grand courage, ce jeune homme au grand cœur. Son entourage tentera vainement des approches auprès du procureur du Roi, notamment l’armateur Morrel, sa fiancée Mercédès, ainsi que son père.
Mais rien à faire ; Dantès fera partie des murs sombres et froids de cette odieuse maison d’arrêt durant quatorze années, pendant lesquelles il fera la rencontre de l’abbé Faria, un curieux personnage des plus intelligents que tout le monde croit fou. En effet, Faria se vante de détenir un trésor colossal. Personne ne le croit. Il dévoilera pourtant ce secret à Dantès, et lui expliquera où exactement il est enterré. Le jeune homme ne le croit qu’à moitié.
 
Un jour, l’abbé déjà vieux, succombe à une crise d’apoplexie. Dantès, devenu savant du fait des nombreuses leçons données par l’abbé, profite d’un moment libre pour se substituer à Faria dans son sac mortuaire.
 
L’évasion a fonctionné. Dantès a deux objectifs à présent : trouver le trésor indiqué par Faria, si trésor il y a, puis dans un deuxième temps accomplir sa vengeance sur ceux qui l’ont écarté du bonheur.
 
 
Rome, 1829.
Deux jeune français de la haute aristocratie se retrouvent à Rome, pour profiter des joies de la jeunesse, et notamment trouver une dulcinée. L’un est Albert de Morcef, fils du comte de Morcef, personnage important s’il en est, ancien combattant ayant fait la guerre d’Espagne, et de la comtesse de Morcef, belle catalane autrefois plus connue sous le nom simple de Mercédès. L’autre est Franz d’Epinay, fils du général d’Epinay.
Tous deux font la rencontre d’un surprenant protagoniste, qui s’avère être leur voisin ; il s’agit d’un homme de trente-cinq à quarante ans environ, brun et imposant. Il serait maltais à ce que l’on dit, et très riche. Ses caprices iraient jusqu’à en être doté d’esclaves muets ainsi que d’une femme grecque, esclave elle aussi. Le curieux personnage serait le comte de Monte-Cristo. Pourtant, hormis Franz d’Epinay qui a déjà eu le privilège de le rencontrer quelques mois avant, personne ne sait qui il est exactement ni d’où il sort.
Toutefois, c’est un personnage très distingué, très riche comme on l’a dit, aux bonnes manières, doté d’une culture sans borne et vouant un grand respect à la race humaine et plus particulièrement à la gente féminine.
 
Six mois plus tard, on retrouve le mystérieux comte de Monte-Cristo à Paris même, où il est introduit dans la haute aristocratie par le fameux Albert de Morcerf, qui s’est vu sauver la vie à Rome par le mystérieux comte de Monte-Cristo, alors que des bandits menaçaient de le tuer. On voit le nouveau comte de partout ; tantôt dans les salons du comte et de la comtesse de Morcef, tantôt chez les Villefort. Il épate de part sa culture, son immense savoir, sa grande connaissance à propos des humains et de leur manière de faire ; bref, tout le monde semble fondre devant ce curieux personnage.   

Mais n’est-il pas trop plein de sollicitude pour être aussi serviable qu’il en paraît ?

Tome 2

Le mystérieux Comte de Monte-Cristo intrigue toujours le haut Paris, cette grande société mondaine que convoitent les Morcerf, les Danglars et les Villefort mais aussi Debray, Chateau-Renaud et Beauchamp.
Comme s'il semblait s'acheminer lentement vers une vengeance que l'on devine à peine, Monte-Cristo échaufaude pas à pas un plan ; un plan machiavélique, calculé d'une telle manière qu'il n'en est que plus sombre et plus effrayant encore. C'est d'abord en introduisant dans les grands salons parisiens un jeune homme prénommé Andrea Cavalcanti que le mystérieux Comte apporte une toute première pierre, dont le jet aura un puissant retentissement dans la vie des Danglars.

Dans un second temps, Monte-Cristo s'affairera au sort de Villefort, ce procureur du Roi que l'ont sait droit et intègre, mais également froid et austère. Puis progressivement, c'est toute la construction Villefort qui s'effondre. En effet, ses ex-beaux parents meurent tragiquement. Et puis c'est toute la maison de l'homme de loi qui semble habitée par la mort, régentée par le diable. C'est le lent déclin de Villefort.

 Enfin c'est au tour de l'éminent comte de Morcerf, ancien vaillant soldat revenu d'illustres expéditions en Espagne. Il ne manquait qu'une ombre au tableau pour que l'effroyable coup de la main vengeresse de Dieu frappe ; cette ombre, c'est la trahison que cet éminent soldat a imputé au pacha de Janina. Et comme par hasard, il se trouve que ce pacha est le père de Haydée, cette délicieuse jeune femme, esclave de Monte-Cristo.

Dans ce second tome, on voit comment le comte de Monte-Cristo assouvit sa vengeance sur les trois personnes responsables selon lui de sa mise à l'écart prolongée, de son enfermement arbitraire au Château d'If, de sa lente agonie. Toutefois, malgré ses précautions, il ne peut empêcher le scandale frappant les pères de retomber sur leurs fils, et parfois aussi leurs femmes. Mais de cela, Monte-Cristo n'en a cure jusqu'à la fin de l'ouvrage, où il réfléchit posément. La vengeance consummée, aucun descendant ne peut en faire les frais.

D'autre part, s'il est très proche et très paternaliste avec le jeune Albert de Morcerf, fils du prolétaire Fernand (rappelez-vous), cette amitié cesse lorsque ledit jeune homme prend conscience des horreurs commises par son père, et de la place jouée par Monte-Cristo, à l'époque Edmond Dantès dans cette tragédie. C'est à partir de ce moment-là qu'Albert s'éloigne petit à petit des chapitres, et même de l'histoire, puisqu'il quitte avec sa mère Mercédès leur hôtel pour s'installer à Marseille.

Parallèllement, il se rapproche de plus en plus de Maximilien Morrel, le fils du prodige armateur malheureusement décédé. Il l'étudie d'ailleurs tout au long de ce long développement tortueux, puis découvre le secret qui habite le jeune homme ; le secret de l'amour, dans lequel il décide de l'aider.

A travers ce deuxième tome, on découvre un Monte-Cristo qui se fait la main d'un Dieu vengeur et d'une justice providentielle, mais également confident d'une jeunesse innocente et irresponsable des erreurs et sacrilèges commis par leurs ascendants. Au travers de ces quelques soixante chapitres, c'est également la grande société parisienne que l'on redécouvre, sans oublier pour autant le monde cruel des bandits italiens, fidèles serviteurs d'un Luigi Vampa déjà évoqué dans le volume précédent.

 
 



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