Lilian Jackson Braun, née en 1916, est une écrivaine américaine. Durant ses études, elle publie de nombreux poèmes sportifs dans des quotidiens locaux puis plus tard, dans des magazines nationaux.
Après avoir envisagé une carrière dans l'enseignement, elle se consacre finalement à la communication et la publicité. Parallèlement, elle vend quelques nouvelles, sans grand succès.
C'est en 1966 qu'elle écrit la première intrigue policière mettant en scène Jim Qwilleran, chroniqueur et alcoolique repenti, et ses deux chats policiers. Ce volet est le premier d'une série phare. Toutefois, son auteur l'interrompt pendant 12 ans environ. Elle la reprend en 1986 avec Le Chat qui Voyait Rouge, qui connaît alors un succès retentissant, qui se répercutera sur tout le reste de la collection.
L'avant dernier ouvrage, Le Chat qui Jetait des Peaux de Banane (2004), a reçu un plus tard le prix de la Fondation 30 Millions d'Amis.
Les héros de la série du Chat qui... sont indubitablement Jim Qwilleran, ancien reporter criminel au Daily Fluxion, puis chroniqueur bi-hebdomadaire dans le Quelque chose du Comté de Moose. Il est accompagné d'un couple de chats siamois, des Seal Point très exactement : Kao K'o Kung pour le mâle dit Koko, doté d'un véritable sixième sens ; et Yom Yom pour la femelle. A chaque intrigue, Koko s'arrange toujours pour faire tomber un livre dont le titre met son maître sur la voie !
Concernant la situation géographique, on peut dire que les premiers romans se déroulent dans une métropole des Etats-Unis, jamais nommée, mais dont le pays sera plus tard baptisé le "Pays d'En-Bas".
Plus tard, à peu près autour du cinquième roman, l'action se déplace géographiquement, avec un départ en vacances de Qwilleran, dans un lieu imaginaire, situé "à 600 km au nord de partout". Il s'agit du comté de Moose, dont une des villes principales est Pickax. C'est là-bas que Qwilleran s'installe après après avoir hérité d'une immense fortune dont il confie la gestion à la Fondation Klingenschoen.
En même temps que son déménagement, Qwilleran change d'employeur ; du Daily Fluxion, il migre jusqu'au Quelque Chose du Comté de Moose.
Ci-dessous les résumés des ouvrages figurant dans la liste suivante :
- Le Chat qui Jouait aux Dominos
- Le Chat qui Flairait une Piste
- Le Chat qui Jouait Brahms
- Le Chat qui Voyait Rouge
- Le Chat qui Aimait la Brocante
Le Chat qui Jouait aux Dominos
C’est lors d’un dîner entre le couple Riker, Polly et Qwilleran que sont évoqués les différents incidents survenus sur l’île Pear Island, autrefois connue sous le nom de Breakfast Island. Déjà très intrigué, Qwilleran, chroniqueur dans un journal local, l’est davantage lorsqu’un de ses amis aubergiste installé sur ladite île lui relate d’autres faits troublants. Il lui demande alors de venir sur place pour mener l’enquête.
C’est ainsi que Qwilleran embarque avec ses deux siamois et se voit loger sur l’île, à l’Auberge Domino dont la décoration excentrique laisse à désirer et rend les chats dubitatifs. Qwilleran se voit alors attribuer un cottage des plus confinés, où les chats se sentent à l’étroit.
Bien difficilement, le journaliste essaie de tisser un réseau de connaissances sur l’île, et de récolter ça et là des informations. Mais la partie ne semble pas être gagnée d’avance. Les autochtones vivent reclus, et le peu que Qwilleran voient sont des employés de restaurant ou des grooms privés. De plus, ils sont loin d’être loquaces.
De fait, il se rabat sur les clients de l’auberge et sur des connaissances qu’il retrouve à l’hôtel principal.
A l’hostilité marquée des indigènes se mêle la diversité de points de vue quant au développement des plus actifs de l’île par les Entreprises XYZ dont l’un des patrons est Don Exbridge. En effet, si certains touristes et vacanciers apprécient l’île pour ces balades ou les cinquante rocking-chairs de l’hôtel, d’aucuns jugent la construction sur Pear Island trop importante, brisant avec la nature, bafouant les droits des indigènes et transformant ce havre de paix en annexe de zone citadine. Les Entreprises XYZ ont ainsi envahi l’île sans faire au préalable une étude de marché ni même consulter la population locale déjà établie et ce, depuis moult générations. Cette implantation fortuite est non seulement contestée par des autochtones, mais également par de riches familles installée avant l’arrivée des entrepreneurs, comme les Applehardt.
Toutefois, la publicité porte ses fruits et attire de nombreux clients, de tous âges d’ailleurs. Qwilleran croisera ainsi la route d’un couple de retraités, mais rencontre également un couple de jeunes personnes avec un petit enfant.
Ceci marque le début de l’essor économique sur l’île. Néanmoins, le côté paradisiaque de Pear Island perd de son charme lorsque surviennent ces divers incidents déjà évoqués, que tentent d’étouffer tant bien que mal Don Exbridge, tantôt en évitant la prolifération d’informations, tantôt en faisant un démenti par le biais de la presse.
Alors, après une intoxication alimentaire, une noyade, l’explosion d’un canot et un incendie, nombreux sont les vacanciers qui plient bagages et retournent au continent. L’hôtel se vide particulièrement lorsque les conditions météorologiques se dégradent, et que sont annoncées des pluies diluviennes voire une tempête.
Très vite, pour les besoins de son journal mais également pour son enquête, Qwilleran se lie avec Derek Cuttlebrink, un des membres du personnel employé dans l’hôtel et ses dépendances. Il le missionne afin de recueillir le plus d’informations possibles ; toutefois, on admettra que la récolte de Derek sera des plus minces.
Malgré tout, Qwilleran ne baisse pas les bras et se voit aider par Koko, le siamois mâle, véritablement doté d’un sixième sens. Alors que le passe-temps phare sur l’île semble sans aucun doute être le jeu de dominos, Koko s’initie à la numérologie, en renversant les petits rectangles tantôt avec la patte, tantôt avec la queue.
Si cette activité semble des plus ridicules, elle l’est moins lorsque, avec les chiffres dévoilés par le chat, Qwilleran parvient à trouver des mots, en obéissant à l’application d’un code.
Concernant l’époque, nous pouvons d’ores et déjà relever que les personnages, même les plus intimes, se vouvoient. Il est souvent question des années 1920 et 1900. D’autre part, les voitures sont assez rares, d’autant qu’elles sont interdites sur l’île, en revanche sillonnée par des calèches tirées par des chevaux. Ainsi, on peut situer l’action au début du vingtième siècle.
Quant à Qwilleran, c’est un chroniqueur très lu, très apprécié et dont le style d’écriture semble des plus caustiques.
Il semble avoir un âge déjà avancé. Porteur d’une moustache fétiche, il est milliardaire, ce qui est chose curieuse dans le milieu du journalisme ou de la détection ; en effet, les personnes exerçant de tels métiers sont plutôt fauchées. Néanmoins, si Qwilleran est l’héritier de la fortune Klingenschoen, il n’en reste pas moins quelqu’un de simple, préférant la modestie à l’ostentation.
Et puis bien sûr, s’il y a un sujet qui doit nous retenir, c’est bien celui des chats. Leur apparition n’est pas rare, mais ils n’occupent pas le devant de la scène en permanence ; cela forge sans doute le mystère qui les enveloppe.
Au cours d’une sortie, c’est notamment Koko qui va déceler un fragment de lame de scie près d’un escalier responsable de la chute d’un vieil homme à l’Auberge Domino, cette pièce étant ainsi la preuve d’un sabotage effectif.
Quant au style, celui-ci est léger. Il ne s’agit pas de grande littérature, mais c’est une lecture amusante et somme toute, simple. Certaines phrases sont toutefois maladroites ; on peut attribuer cela à une traduction difficile notamment à cause des idiomes impossibles à rendre. Bien que la traductrice, Marie-Louise Navarro, ait tenté de nous restituer au mieux l’idée de départ, elle omet de préciser certaines finesses de la langue anglaise, que l’on perd lors de la traduction.
A propos des descriptions, elles ne sont pas trop fréquentes ni pesantes dans la mesure où le personnage (généralement Qwilleran) y est mêlé, confondant le tout en un mélange d’action et de description dont l’effet est des plus réussis.
Le seul point négatif que l’on peut relever concerne la solution, la clé de l’énigme sur ce qui se passe réellement à Pear Island. Celle-ci est un peu trop brutale, le fin mot n’apparaît pas comme héroïque, et Qwilleran perd un peu de son efficacité sur la fin, qui n’offre d’ailleurs plus beaucoup de suspens !
Le Chat qui Flairait une Piste
La neige se fait désirer en cette fin d’année dans le comté de Moose, à Pickax exactement où l’apparition fortuite de chenilles velues semblent plutôt prédire un printemps précoce. Pourtant, il ne serait pas un Noël sans les murs de neige le long des rues ni les sorties en raquette pour arpenter la ville.
Finalement, quelques flocons apparaissent et avec eux une vague de menus larcins, touchant notamment le Village Indien, série de duplex ressemblant plus à des préfabriqués provisoires qu’à de véritables habitations.
Mais à Pickax, on se prépare comme chaque année aux festivités traditionnelles de décembre, au Festival de la Glace, et Qwilleran innove même en participant pour la première fois à la Nuit Écossaise, vêtu du kilt et armé d’un poignard en guise de signe distinctif. De fait, le vol d’objets sans grande valeur pour certains est relégué au second plan, du moins par les forces de police. Ainsi disparaissent un blouson, des lunettes, une poupée, et même un poignard de collection.
L’affaire ne revêt pas un intérêt particulier ; pourtant Jim Qwilleran, rédacteur d’une chronique bihebdomadaire au Quelque Chose du comté de Moose, s’y penche de plus près, discutant ça et là afin de glaner quelques informations. Toutefois, l’enquête piétine (la police l’a déjà oublié) ; c’est pourquoi Qwilleran engage Celia Robinson, retraitée dynamique, dans le but de recueillir des renseignements et de parvenir à reconstituer ce puzzle mystère.
Car il s’en passe des choses louches à Pickax. Tout d’abord, c’est avec étonnement que l’on découvre la mariée du célèbre banquier Carmichael ; complètement décalée dans le temps, Danielle est une personnalité excentrique, dont les tenues, maquillages et attitudes font aller bon train les langues de vipère. Mais Danielle n’est pas seulement originale dans le look, elle l’est aussi dans la voix, et sa voix Qwilleran ne la supporte pas. C’est avec une once de mépris qu’il accueille la nouvelle concernant le rôle qu’a donné Fran Brodie (la décoratrice renommée du village) à Danielle, dans une pièce de théâtre, que la jeune femme fait plutôt ressortir comme une farce.
Toutefois, lorsqu’elle fait venir du fameux Pays d’En-Bas, à savoir les Etats-Unis, son cousin Carter Lee James, les langues semblent quelque peu s’apaiser devant ce beau brin de jeune homme, calme, un tantinet réservé, poli et qui semble des plus brillants. Fameux en restauration de bâtiments, il a le projet de faire classer Monuments Historiques tout un quartier de Pickax.
L’on en oublierait presque l’affaire initiale si une jarre contenant près de deux mille dollars et destinée à être reversée à une œuvre de charité n’avait été dérobée. Mais voilà que très vite, le coupable est démasqué ; il s’agirait d’un jeune homme, relativement simple d’esprit ni délinquant ni vindicatif, qui aiderait sa mère à tenir un snack. Ce coupable apparemment idéal surprend tout le monde à Pickax, et ne convint pas tous les esprits, parmi eux celui de Qwilleran, bien que tous les objets volés aient été retrouvés dans son casier personnel !
L’affaire prend une tournure autrement plus dramatique, lorsque Willard Carmichael, le célèbre banquier précédemment nommé, meurt lors d’un voyage d’affaires au Pays d’En-Bas !
Toutefois, la vie continue et les festivités de fin d’année poursuivent. Cependant, Wetherby Goode, le météorologue local, se montre de plus en plus nerveux quant aux circonstances météorologiques qui déclinent de jour en jour. L’hiver trop doux promet une fonte des neiges trop rapide. Ce qui devait arriver arriva : des pluies diluviennes s’abattent sur le comté de Moose et les trois comtés environnants, incitant les écoles et églises à fermer leurs portes, ainsi que les commerces, restaurants et autres boutiques particulièrement menacées. Au Village-Indien, là où Qwilleran a loué un duplex pour l’hiver (sa grange habituelle est beaucoup trop spacieuse et de ce fait, trop longue à chauffer), les inondations ne sont pas au programme mais la pluie et la grêle résonne beaucoup plus sur ces toits de premier prix.
Par ailleurs, si ces conditions inquiètent à ce point Wetherby Goode, c’est parce que de telles conditions peuvent compromettre sérieusement le Festival de la Glace, dans lequel de nombreuses entreprises investissent, de nombreux artistes déploient leur talent pour épater les autochtones et provoquer des retombées économiques considérables du fait de l’attraction touristique.
Parallèlement, nombreux sont les habitants incroyablement étonnés par l’annonce du mariage entre Lynette Duncan et Carter Lee James.
Alors qui sont-ils ?
Carter Lee James susnommé, le fameux cousin de Danielle Carmichael, spécialisé dans la restauration de bâtisses et à qui les habitants du quartier concerné ont déjà versé bon nombre d’acomptes.
Lynette Duncan, dernière personnalité vivante de la célèbre lignée des Duncan, héritière de leur fortune, est également très impliquée dans la décoration, ainsi que dans les parties de bridge. Elle est la belle-sœur de Polly, l’amie très appréciée de Qwilleran.
Si ce mariage surprend les âmes sensibles, elle surprend aussi les plus proches parents de Lynette ; il en va ainsi pour Polly et Qwilleran. Car si Lynette a déjà quarante ans, elle a malgré tout passé sa vie en célibataire endurcie, déçue très jeune par une aventure soldée par un échec. D’ailleurs, elle ne semblait pas montrer un intérêt particulier à épouser un homme sinon à s’enticher de lui.
Très superstitieuse, elle tient à garder ceci secret le plus longtemps possible, pour éviter que les noces ne soient gâchées comme il en fut ainsi lors de ses premières épousailles.
Mais, vox populi s’entend à dire que cette union est bien trop prématurée, que les jeunes mariés se connaissaient à peine, que lui (plutôt homme à femmes) l’aurait « embobiné ». Les on-dit s’accordent à penser qu’un homme du genre de Wetherby Goode aurait été beaucoup plus approprié pour une personne comme Lynette Duncan.
Malgré toutes les objections qu’on peut trouver à ce mariage, il a cependant lieu. Et les jeunes mariés partent très vite en voyage de noces à la Nouvelle-Orléans. L’un d’eux d’ailleurs y restera, victime de complications gastro-intestinales.
Ça commence à faire beaucoup pour un si petit endroit. Des vols suspects, puis des morts bizarres, sans compter qu’un homme vraisemblablement innocent est accusé d’avoir commis ces infamies.
Il n’empêche que Qwilleran n’est pas policier et qu’il se doit d’écrire ses deux mille mots hebdomadaire afin de satisfaire aux exigences de Arch Riker, son supérieur au Quelque Chose au Comté de Moose, qui est également son ami. Et lors de ses résolutions qu’il adopte pour la nouvelle année, Qwilleran voit germer en lui une idée ; celle de rassembler dans un seul ouvrage toutes les histoires scabreuses que les anciens et les commères lui ont racontées.
Très habilement aidé par Koko, le chat siamois qui ne tient d’ailleurs pas un très grand rôle dans ce volet, même s’il s’amuse à faire tomber des livres dont les titres se révèlent des plus éloquents, Qwilleran, à la manière de ces contes mystérieux, retrace une trame des derniers événements survenus à Pickax… tendant ainsi un piège à l’assassin. Celui-ci l’évitera-t-il ?
Toujours écrit dans un style très léger, parfait pour une lecture de vacances en somme, « Le Chat qui Flairait une Piste » n’est pas le théâtre idéal pour les manifestations les plus fines de Koko, le chat siamois.
L’intrigue met un certain temps à se coudre, rappelons que Qwilleran n’est que journaliste.
D’autre part, si dans le volet précédemment lu, on avait du mal à localiser l’époque de l’intrigue, il est clair qu’ici, la scène se déroule à une période très contemporaine ; nous avons dépassé les années 1990, utilisant ainsi ordinateurs, téléphones portables, 4x4…
Le Chat qui Jouait Brahms
Quelques pistes de réflexion après la lecture :
http://batcoco-bou.wifeo.com/documents/Annexe-Brahms.doc
Le Chat qui Voyait Rouge
Et le titre, s’il est quelque peu mystérieux, prend toute sa signification aux dernières pages du roman !
Le Chat qui Aimait la Brocante
Rédacteur au Daily Fluxion, Jim Qwilleran a pour objectif, s’il veut remporter le premier prix, d’écrire un article particulièrement marquant. Pour se faire, il se rend dans une communauté délaissée par la municipalité : Came-Village, le coin des brocanteurs, où se vendent des antiquités et autres bonnes affaires.